2019
Un haut niveau artistique et la réponse du public caractérisent un excellent 54 Heineken Jazzaldia.
Le nombre total de spectateurs a atteint 168.000
Sur le plan artistique, le 54e Heineken Jazzaldia a été extraordinaire. Tous les concerts ont été satisfaisants pour le public et également, de manière générale, pour la critique. Ce n’est pas facile de faire des hiérarchies, mais s’il fallait édifier un podium, Maria Schneider, Atomic et John Zorn avec son Bagatelles Marathon pourraient y prétendre.
Maria Schneider est une compositrice, une arrangeuse et une cheffe d’orchestre prodigieuse. Elle a besoin d’un orchestre capable d’exécuter toutes les nuances et l’intensité de son travail. Un orchestre à la fois robuste et subtil. Cet orchestre c’est l’Ensemble Denada, formé d’instrumentistes norvégiens extraordinaires. Le concert offert sur la place de la Trinité s’inscrit déjà dans l’histoire du Festival comme l’un des plus mémorables.
Également, le Bagatelles Marathon de John Zorn restera longtemps gravé dans les mémoires. L’univers musical vaste et complexe de Zorn s’est condensé en deux concerts de près de trois heures avec la participation de dix-neuf musiciens distribués en quatorze formations différentes.
John Zorn a reçu cette année le Prix Donostiako Jazzaldia. C’est le prix avec lequel le Festival distingue les musiciens qui ont eu une influence particulière sur l’histoire, le développement et la transmission du jazz.
Atomic est, par lui-même, un groupe innovant, turbulent et plein d’idées musicales. Si un tel quintette est accompagné du Trondheim Jazz Orchestra, composé de sept musiciens norvégiens de premier ordre, il est facile d’en déduire que leur concert à l’auditorium Kursaal fut anthologique.
Toujours sur le podium imaginaire de la 54e Heineken Jazzaldia, monteraient deux illustres maîtres du saxophone, Houston Person et Charles McPherson, représentant une génération qui nous manquera grandement quand elle sera partie. Leur manière d’exécuter les ballades est inimitable. Ce sont des musiciens qui font preuve de sagesse et d’élégance et le public s’y abandonne immédiatement.
La composition idéale de ce 54e Heineken Jazzaldia est complétée par les grandes têtes d’affiche qui, par leur dévouement et leur popularité, attirent les foules. Aucun d’entre eux n’a déçu et tous continuent à gravir des échelons dans leur carrière : Jamie Cullum, Joe Jackson, Diana Krall, Sílvia Pérez Cruz avec Toquinho et Javier Colina. Le concert de Joan Baez devant une plage de la Zurriola bondée a été particulièrement émouvant, car c’était l’avant-dernier de sa tournée d’adieu « Fare Thee Well », une des dernières occasions d’applaudir une figure mythique.
Très intéressant aussi fut le cycle japonais. Ce fut une énorme surprise pour le public, qui en général ignorait la grande qualité du jazz pratiqué au Japon et l’excellence de ses interprètes. Les récitals des pianistes Chihiro Yamanaka et Ai Kuwabara étaient tout simplement extraordinaires, et la jeune guitariste Rei a conquis le public avec son audace et sa force scénique.
En ce qui concerne les groupes basques, il faut souligner le rôle croissant des femmes artistes, en nombre et en qualité, tant dans des groupes de jazz (Reunion Big Band, Lurpekariak, Juan José Cabillas with Strings, The Funk & Risketeers…) que dans des groupes de rock (Belako, Nøgen) ou des projets solo (Ainhoa Larrañaga, Sara Zozaya).
Le public mérite une mention spéciale ; un prix devrait même être institué pour récompenser sa fidélité et son savoir-être. Que le temps ait été magnifique, comme ce fut le cas le premier jour, et c’est une foule massée au comportement civique exemplaire. Qu’il ait fait mauvais temps, et voilà les spectateurs qui luttent contre vents et marées, enveloppés dans les ponchos imperméables distribués par l’organisation, encourageant les musiciens à donner le meilleur d’eux-mêmes.
Il est vrai que cette année, la pluie et le vent ont été particulièrement gênants, causant beaucoup d’inconfort et contrariant le record de public attendu après le succès du Jazz Band Ball inaugural. Dans ce contexte, les 168.000 spectateurs finalement comptabilisés sont un bon indicateur que le Heineken Jazzaldia continue d’être un événement populaire et participatif.
L’équipe du Festival mérite également une mention et des remerciements. Une combinaison de jeunes régisseurs très expérimentés (pour la plupart des femmes) secondés par des travailleurs enthousiastes, qui ont démontré leur capacité à faire face aux difficultés causées par les intempéries.
Personne ni rien ne pourra arrêter ce Festival. Les préparatifs de la 55e édition ont déjà commencé, avec le défi, passionnant et en même temps compliqué, qu’elle soit encore meilleure que celle qui vient de se terminer.
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